Solstice d’été

Le feu de la Saint-Jean par Jules Breton

Pour souligner cet évènement marquant le début d’été qu’est le solstice,
nous vous proposons la lecture Claire Bonnet, un extrait tiré de son livre 
Saison des plantes, saison des fêtes

Bien que l’Église ait multiplié les tentatives pour démembrer les fêtes du solstice d’été de son ossature païenne, les anciennes coutumes ont longtemps persisté. Célébrées dans la nuit du 23 au 24 juin, ces festivités populaires s’organisaient autour d’un grand feu, réplique domestique du feu solaire alors dans tout sa puissance. Douze essences d’arbres associées aux énergies des douze mois de l’année composaient le bûcher dans l’idée d’un condensé de l’année. À l’inverse du feu intimiste du solstice d’hiver, le feu de la Saint-Jean se déroule à l’extérieur et fait participer tout le village ensemble. Toutes les qualités solaires sont désormais déployées et se manifestent à travers les forces de guérison des plantes médicinales. Les plantes cueillies à la Saint-Jean dit-on des vertus particulières. Joyeuse et débridée, cette nuit magique permettait toutes les audaces et les initiations possibles. Encouragés par les anciens, les jeunes gens sautaient par-dessus le feu en signe de virilité et de courage. Traduisant la ronde cyclique du Soleil autour de la Terre, des farandoles de danseurs virevoltaient autour du bûcher et il n’était pas question de rompre la chaîne! Des couronnes et ceintures d’herbes étaient confectionnées et passées à travers les flammes pour amplifier le pouvoir des plantes ou obtenir leur protection. On enflammait des «roues de paille» pour les faire rouler dans les collines. Feu fécondateur, feu purificateur, feu transformateur, feu inspirant, feu guérisseur, le feu de la Saint Jean est tout cela. Par ailleurs, on se baignait dans les fontaines, les rivières. La sexualité n’était pas absente de la fête et les «mariages d’une nuit» était fréquents. Au VIe siècle l’Église condamna et interdit les danses et baignades en vain puis finit par organiser, à la Renaissance, des processions destinées à bénir les feux et chasser toute trace de paganisme. Depuis la nuit des temps, l’homme a adoré le Soleil pour sa force vitale et comme l’expression physique d’un principe de lumière immatérielle.